À vous de jouer, encore une fois !
Il semble, chers amis, que le ciel s'éclaircisse enfin, et que nous puissions bientôt retourner à nos habituelles occupations!
Merci à vous tous qui avez participé à ces petites joutes poétiques. Merci à ceux qui m'ont fait parvenir leurs créations; j'ai le plaisir, avec l'autorisation des auteurs, de vous en offrir 3 dans ces pages
un rondeau de Cédric Jacob
et deux ballades, par Myriam Brillouet et François Martin
Mais auparavant, je vous propose encore une fois un exercice original, aujourd'hui le LAI
Le LAI existe depuis le Moyen Âge, mais force est de constater qu'on en a très peu écrit depuis!
La recette nécessite peu d'ingrédients:
Alternance de vers de 5 pieds et de 2 pieds, et construction sur 2 rimes.
On appelle aussi cette forme "l'arbre fourchu": les vers de 2 syllabes forment le tronc, et les 5 syllabes les branches.
Une variante appelée VIRELAI oblige à une rime féminine aux vers de 2 pieds, et une rime masculine aux vers de 5 pieds.
Ne riez pas, ce n'est pas si simple!!
Voici en exemple un lai simple (qui m'a déjà donné assez de mal!)
Ployant sa brindille
La velue chenille
Ondule,
Telle une cédille
Elle se tortille,
Hercule
Musclant ses gambilles;
Mais sous la charmille
Spécule
Un merle qui trille
Et dans les ramilles
Calcule:
"En cas de bisbille
Je me l'estampille!"
Crapule!
Je vous passe le relai!
LE RONDEAU DU DOS ROND par Cédric Jacob
Quelle misère en notre époque,
Si c'est le rondeau du dos rond,
De digérer ce qui nous choque
De nous soumettre à ce bâillon.
Alors serait-ce un aiguillon
Alimentant le soliloque
Ce que dit la télévision?
Quelle misère en notre époque!
Mais quel honneur juste loufoque
À n'être rien, moins qu'un maillon;
Je finirai comme une loque
Si c'est le rondeau du dos rond!
Juste mesure nous dit-on
Que de se taire en ce colloque,
Quand le puissant nous ment en long
De digérer ce qui nous choque!
Je suis de loin la pendeloque
Moi les obscurs lui Phaéton,
Et je maudis le sort breloque
De nous soumettre à ce bâillon!
Quelle misère...
Cédric Jacob, 14 avril 2020
RENAISSANCES ballade par Myriam Brillouet
La nature déploie sa palette,
Vignes vert tendre, cystes et thym
Boutons d'or, genêts, pâquerettes
Rient au soleil d'un air mutin.
Roses, lilas, en ce jardin
Nous enivrent de leurs fragrances.
Sous la tonnelle, un blanc jasmin.
Voici le temps des renaissances.
Entendez-vous cette alouette
Nous berçant de son gai refrain?
Mésange bleue, bergeronnette,
Nichent au détour du chemin.
La source vive avec entrain
Nous offre enfin son abondance
Dans un chuintement cristallin.
Voici le temps des renaissances
Laissons fleurir les amourettes,
Du cœur les plaisirs divins.
Mignonne, apprécie le poète
Qui chante ton charme certain,
Demeure sans penser à demain,
L'esprit s'ouvre avec élégance
Aux émotions chaque matin.
Voici le temps des renaissances
Pour l'avenir, restons sereins.
Goûtons les joies de l'existence
Qui exaltent le quotidien.
Voici le temps des renaissances
Myriam Brillouet, 18 avril 2020
LIBERTÉ ballade par François Martin
En ce matin d'une aube claire,
Il s'en allait par les chemins.
De doux parfums montaient de terre,
De serpolet, de romarin.
Il avançait, sûr et certain
Que sa journée serait sereine.
La nature était son destin,
La liberté, sa souveraine.
Il traversait de beaux parterres
De coquelicots rouge carmin.
Foulait aux pieds, dans les clairières,
Les herbes folles et le sainfoin.
Il gambadait près des ravins,
Caracolait à perdre haleine.
Il chérissait, au quotidien,
La liberté, sa souveraine.
S'il projetait de ne rien faire,
Il s'arrêtait parmi le thym,
Le lavandin, la fumeterre,
Il rêvassait, dormait un brin.
À son réveil, sur le chemin,
Il repartait sans trop de peine
Chercher encore, et ce, sans fin,
La liberté, sa souveraine.
De jour en jour, toujours plus loin,
Il s'envolait dans son domaine
Pour récolter, à pleines mains,
La liberté, sa souveraine.
François Martin
Ne sentez-vous pas, comme moi, dans ces textes comme une envie de s'échapper? Courage, la levée d'écrou est proche !
En attendant, grimpez dans mes arbres si vous sentez le besoin d'ailleurs!!
Nous continuerons bien sûr à nous retrouver régulièrement dans ces pages, la poésie ne s'interrompt pas quand le confinement s'arrête, et je sais combien certains sont fidèles à nos rendez-vous!
De plus, vous n'en avez pas fini avec les poèmes à forme fixe, et si vous n'êtes pas saturés, je persisterai à vous en faire découvrir de temps en temps l'écriture.
Bonne renaissance à tous !!
Textes Patrice Alzina
Photos: Catherine et Patrice Alzina
Japon: Guillaume Alzina
Maldives: Olivier Alzina
À bientôt les amis!!!!!