A vous de jouer - la suite !
Voulez-vous, chers amis, que nous continuions notre pérégrination parmi les poèmes à forme fixe, pour vous aider à enjoliver votre enfermement?
Après le rondeau sur notre précédent article, je vous propose aujourd'hui deux styles totalement différents:
- Le Triolet
- et la Ballade
Le Triolet
La forme, pratiquement oubliée de nos jours, a pourtant fait les grandes heures de la Renaissance, de l'époque classique, et jusqu'à certains romantiques.
C'est un poème court, souvent répété en série, assez simple de construction:
- 8 vers sur 2 rimes
-le 4° vers répète le premier.
- les 2 derniers vers répètent les 2 premiers
Alphonse Daudet en a écrit un célèbre: "Les prunes"; je vous en offre le début:
De tous côtés, d'ici de là,
Les oiseaux chantaient dans les branches,
En si bémol, en ut, en la,
De tous côtés d'ici, de là.
Les prés en habit de gala
Étaient pleins de fleurettes blanches.
De tous côtés, d'ici, de là,
Les oiseaux chantaient dans les branches.
(...)
Et puis en voici un autre, de mon cru, pour coller à l'actualité!!
En ces temps de confinement
Son âme seule s'envolait;
Son cœur seul voguait dans le vent
En ces temps de confinement.
Des images allaient, flottant
Bien loin du réel enchaîné,
En ces temps de confinement
Son âme seule s'envolait.
-
La Ballade
Voici une forme poétique toujours actuelle.
Après avoir fleuri au cours de toutes les époques, elle continue de vivre chez quelques auteurs contemporains ou d'un récent passé.
Une ballade est ainsi constituée:
- 3 strophes de 8 vers de 8 pieds, dont le dernier vers de la première strophe revient en refrain.
Ces strophes sont bâties sur 2 rimes.
- Puis 1 strophe de 4 vers sur 2 rimes, se terminant par le refrain, (ce que l'on nomme "l'envoi")
Je vous propose en exemple le deuxième poème de mon "Triptyque des Villages Disparus".
Après le rondeau sur le Lac de Serre-Ponçon la dernière fois, voici aujourd'hui la "Ballade pour Douaumont", en rappel de ces villages exterminés pendant la Bataille de Verdun
Un brouillard s'effiloche aux hêtres.
Un vol planant de grue cendrée,
Comme la chasuble d'un prêtre,
Ombre des ailes déployées
L'ornière d'un moussu fossé
Aux eaux stagnant en déshérence
Noyant les bornes délaissées
D'un village mort pour la France.
Le souffle du noroît, peut-être
Râle d'un spectre abandonné,
Demeure seul garde champêtre
Veillant sur les lieux sacrifiés
Parsemés d'âmes esseulées
Lamentant leur désespérance;
Pauvres mémoires abîmées
D'un village mort pour la France.
Avant d'être la proie des reîtres,
Les amours ici s'enlaçaient;
Avant piétinement des guêtres,
Furent danses de fiancés,
Feux de joie et chaudes veillées.
Ici on connut l'insouciance,
Les rues, les places empressées
D'un village, mort pour la France.
Ô toi qui passes, trop pressé
Pour t'imprégner de remembrance,
N'oublie pas qu'ici respirait
Un village, mort pour la France
J'espère, chers amis, que ces temps d'isolement qui se prolongent ne sont pas trop durs pour vous!
Gageons que la poésie puisse vous les adoucir, et que les photos de bord de mer qui accompagnent mes mots vous apportent un peu d'air du large !!!
...Et si ces exercices vous ont inspirés, envoyez-moi vos créations !
Textes: Patrice Alzina
Photos: Catherine et Patrice Alzina
A bientôt les amis !!!!